2008-2009 : direction Brésil ! |
N°1 : Casamance - Cap Vert, reprise du bateau |
Nous voila de retour en Afrique le dimanche 5 octobre 2008. Après avoir récupéré Christian, mon fidèle équipier et sa femme Anette à Casablanca, nous voici à Dakar. On passe la première nuit chez les Bergès puis direction le CVD, Centre de Voile de Dakar, pour prévoir la sortie du bateau dans 15 jours ainsi que quelques réparations à effectuer. Le mardi soir suivant, nous prenons le ferry pour Ziguinchor en Casamance où nous arrivons à 11h le lendemain. Puis, de là, nous louons une pirogue pour Djilapao où nous retrouvons le Pjuske. Tout est ok à bord. Mais beaucoup de moisi sur les vêtements et les vaigrages. Tout est très vite nettoyé. Jules César, notre gardien, mange à bord le soir et nous apprenons que la saison des pluies a été exceptionnelle, ce qui est très bien pour eux car ça veut dire beaucoup de riz. Tout est très vert, ca nous fait un sacré changement par rapport à fin avril où tout était brulé par le soleil. Jules On passe deux jours à tout réinstaller, voiles, électronique, annexe etc etc. Puis direction Ziguinchor pour les courses, les pleins et un peu de visite. Le dimanche se passe à 80 km de Ziguinchor, au Cap Skirring, haut lieu touristique chez des amis de Christian et Anette. La semaine suivante se passera dans les bolongs de la Casamance à revoir tous les gens qu’on a connu, en particulier à Nioumoune. On ramène des photos, des semences de légumes et des portables. Toujours le même accueil chaleureux et des discussions toujours aussi intéressantes sur la vie locale. Reportez-vous à notre visite de l’an dernier pour en savoir plus sur la vie de ces villages. L’hivernage n'est pas encore fini, il fait très chaud et on a droit à trois jours d'orages très forts mais qui ne génèrent pas de vent excessifs. On assiste à une fête pour la rentrée scolaire. En effet, le village va se vider de ses jeunes, à part ceux du primaire et du college. Les autres vont au boulot, en apprentissage, au lycée ou à la fac. Ce n’est pas tout ça mais on doit bosser un peu sur le bateau. On lâche les femmes pour six jours à Cap Skiring où elles auront un succès considérable auprès des jeunes mâles locaux et on met le cap sur Dakar. S’ensuivent trois jours de prés à tirer des bords carrés face à un vent de 10 a 20 nœuds mais surtout à un courant assez fort. Bien sur, je suis un peu nauséeux comme à chaque reprise, mais Christian fait à manger donc tout va bien. On a même droit un matin à la visite de deux énormes baleines dont l'une nous gratifie d’un plongeon la queue bien verticale comme dans les films. Le moteur refuse de démarrer pour recharger les batteries. Donc Christian a démonté préfiltre et filtre, puis une fois la merde sortie, il a pompé pendant que je purgeais la pompe à injection et le premier injecteur jusqu’à ce que ça redémarre. Le tout avec 15 nœuds de vent et le bateau qui gite et qui tape. A Dakar, on récupère Luc, un copain de Christian avec qui on a déjà traversé la Corse à pied. Il reste avec nous jusqu’au Cap Vert. On sort le bateau de l'eau avec un jour de retard ce qui ici est un exploit en matière d'exactitude. A marée haute, ils glissent un chariot sous le voilier. On accroche le bateau et hop ! On tire le tout au sec sur la plage. Pour le Pjuske le câble a cassé et il a failli repartir à l’eau. Heureusement que la plage n’est pas trop pentue. Carénage Le bateau est aussitôt gratté à fond par deux jeunes du CVD, puis le lendemain ils passent deux couches d'antifouling. Ce sera rouge car il n'y a pas de noir ici. Je parle de la peinture bien sur. Ces jeunes bossent bien et pour huit euro par jour. C’est la première fois que je ne fais pas ça moi-même mais on ne peux pas refuser ce travail à des gens qui ont vraiment besoin d’argent et de boulot. Gratage J'en profite pour faire démonter mon réservoir de gazoil qui est dans les fonds, presque inaccessible, pour le faire nettoyer à fond et y mettre deux trappes de visites pour pouvoir le nettoyer de temps en temps si je fais des pleins avec du gazoil pas net. Et refaire mon annexe qui me suis fidèlement depuis douze ans mais dont le fond fuit ce qui fait qu’on a toujours un peu les pieds dans l’eau. Mon guindeau (treuil servant à remonter l'ancre) menace de s'arracher et de partir à l’eau. Démontage, recharge, taraudage et remontage comme neuf . Tout ça avec peu de moyens. Les femmes arrivent vendredi, Bernard qui a déjà traversé avec moi en 2000 arrive samedi et lundi cap sur le Cap Vert. Lorsque Tove et Anette rentrent de Cap-Skiring, le bateau n'est toujours pas à l'eau car il y a beaucoup de coupures d'électricité à Dakar donc le soudeur traine à finir le réservoir. Anette repart, sitôt remplacée par Bernard. On profite d'être au sec pour faire les courses pour la traversée. Vu que c'est la cinquième, je commence à être rodé et surtout moins stressé. Après comparaison avec deux moyennes surfaces, il s'avère que c'est Fara qui a le meilleur rapport qualité prix. Voyez sa boutique sur la photo. On prend tout l'avitaillement plus beaucoup d'eau(1,5 litre par jour et par personne). Le frais se fera au Cap Vert. Le samedi le bateau est remis à l'eau. Dimanche, on va saluer les Berges. Lundi, derniers préparatifs et l'après-midi, on lève l'ancre à 16h cap vers Praia, sur l'ile de Santiago au Cap Vert. Distance : 360 miles nautiques. Multipliez par 1,8 pour avoir les kilomètres. Au début on fait du prés. Bernard est malade, du coup je suis solidaire et vomis une fois, puis Luc nous imite aussi. Seul Christian et Tove sont biens. Je me remets très vite. Dès le lendemain, on est vent de travers jusqu'à l'arrivée et ça va bien. Le bateau marche vite (vu sa charge), le vent reste à 15 nœuds, 20 au plus, 8 au mini. On arrive le jeudi matin à Praia. On retrouve tout de suite l'ambiance cap verdienne qu'on adore. Les papiers sont faits dans l'après-midi. On est le seul voilier comme lors de notre précédent séjour. Praia a mauvaise réputation auprès des plaisanciers. A tord à notre avis, car la ville est très jolie, jamais le moindre regard ou geste déplacé. L'intérieur de l'île est très beau aussi et les randos sont nombreuses et variées. Bien sur on évite de sortir la nuit et l'annexe est gardée le jour quand on se balade. Mais ces précautions sont élémentaires dans d'autres villes et d'autres pays. Le vendredi on visite Praia, la capitale. Le samedi, on va à Assomada où on retrouve Britto (voir la rubrique Cap Vert de l'année dernière). On lui donne tout un tas de photos qu'on avait faites avec ses amis l'année dernière, on va chez ses parents acheter du rhum, on mange dans un bon resto, bref on passe une excellente journée. Le lendemain visite de Cidade Velha, ancienne capitale endormie au bord de la plage. Toujours pareil : musique, bon resto (garoupa : sorte de mérou) et une fois de plus des rencontres avec des gens sympas et très ouverts. Lundi 3 Novembre, Luc repart au boulot et on se retrouve tous les quatre pour finir de préparer la traversée. Christian, Bernard, Tove et moi. Dernières courses de frais, gazoil à fond pour passer le pot au noir où on aura pas de vent. Internet pour une dernière météo puis en route pour le Brésil. On prévoit quand même un petit stop à Fogo et Brava, les deux dernières îles du Cap Vert qu'on ne connait pas encore. On a levé l'ancre à 2h du matin le mardi 4 Novembre. Après une traversée de 60 miles, d'abord avec peu de vent puis 3h de moteur et enfin les alizés à 15-20 nœuds, nous arrivons à Fogo vers 16h. Il y a deux thons à bord. On en garde un et on donne l'autre. Le port est minuscule et on mouille devant une petite jetée, en portant deux amarres terre. Il n'y a de la place que pour quatre bateaux. Nous serons deux pendant deux jours, puis seul après. Les gamins du port sont les plus durs de tout ce que nous avons rencontrés au Cap Vert. Jamais contents de ce qu'on leur donne pour surveiller l'annexe ou le bateau, resquilleurs et malins. On s'énerve un peu mais rien de méchant malgré tout. Mais ils sont souvent à bord pour quémander un peu à manger ou des fringues ou des lunettes etc etc. Le bateau de nos voisins, qui sont partis pour la journée, dérape et part sur la plage. Desuite, c'est la panique. Le garde tente de le pousser avec son annexe, j'y vais à la nage et fait porter une amarre à la jetée pour le dégager au winch. A deux reprises les nœuds lâchent. En attendant le bateau tape sur sa quille dans le sable. Des pêcheurs arrivent, je reviens à bord, on largue les amarres, on relève l'ancre et on se met tous à tirer mais rien. Entretemps, le gardien a trouvé les clefs, Christian monte sur le voilier, démarre, embraye l'hélice et nous tirant devant, on arrive à le sortir de là. Nous avons aussi réalisé l'ascension du volcan de l'ile de Fogo à 2800 mètres. C'est comme le Teide mais sans téléphérique. Dénivelé, 1100 mètres dans la caillasse. On avait pris un guide au port mais il n'y connaissait rien à part le chemin. Il nous a annoncé trois heures de montée et une de descente alors qu'en tout on a mis sept heures. Comme ils sont venus à deux sans eau et sans bouffe on a failli être juste. Mais ils compensent par leur gentillesse comme tout bon cap-verdien qui se respecte. Trois heures de montée très raide avec des passages où on avait peu d'appuis, mais spectacle saisissant en haut. Le cratère est très grand, on le longera pour descendre de l'autre coté du volcan. La descente c'est 700 mètres de glisse dans la pouzzolane, une dune du Pyla géante en somme, pour ceux qui connaissent. Les guides pouvaient même faire des cabrioles, mais pas nous à cause de nos sacs à dos. Tout à la course et en glissade, fatiguant mais grisant. Ça rappelle le ski ou le surf, ça a déjà été descendu comme ça d'ailleurs. Et la poussière... je vous dis pas. Le samedi, grosse lessive. Avec toujours deux ou trois gamins curieux à bord. Nos relations s'arrangent car maintenant on connait bien les prix des services et des poissons après deux jours ici. Le dimanche, on remonte à Cha de Caldeira mais cette fois pour entamer une descente de mille huit cent mètres jusqu'à la mer. Cinq heures de marche, rien pour Christian qui randonne tous les jours en Corse, mais mortel pour les trois autres équipiers, surtout après la montée au volcan il y a deux jours. Le lundi on fait un réapprovisionnement en vue de la transat. Maintenant je vais vous parler du mouillage de Fogo. C'est tout petit comme vous voyez sur la photo, quatre bateaux maxi. Quand on arrive, le bateau d'à côté, loué par des Tchèques (avec provisions...) est mouillé avec des amarres trop molles, donc dans la nuit les bateaux se touchent. Donc le lendemain matin, on re-ancre un peu plus loin. Leurs amarres sont si molles que dans l'après-midi, comme raconté avant, on doit relever l’ancre pour les sortir de la plage. On re-mouille pour la troisième fois sous les ordres du maître de port. Le lundi suivant, on a un voilier belge entre nous et la digue des ferries. La police le fait déguerpir car un gros cargo arrive. Nous, on est presque bon, nous dit-il, on doit juste se déplacer de cinq mètres. Quatrième mouillage. Tove, Christian et Bernard partent aux courses et méfiant, je reste. La police revient, il faut partir illico, le cargo est énorme et doit mouiller au milieu. On pourra revenir après. Je lève l'ancre. A bord j'ai deux gamins de 12 ans un peu rigolards et on tourne deux heures en rond. Le cargo prend toute la place, impossible de mouiller. Donc je viens à quai. Ils ne veulent pas. Je repars pour un tour dehors puis je reviens palabrer et finalement je trouve une place en bout de quai. Cinquième arrêt donc. Sachant que le ferry de Praia arrive demain, je demande au policier maritime si je ne vais pas gêner. « Non pas du tout », tout est ok, pas de problème. Sauf que le lendemain à 6h30 du matin ( hé oui ! On est matinaux !), en plein déjeuner, il nous ordonne de partir pour laisser accoster le ferry... avec le sourire bien sur. Enervé, je largue tout en cinq minutes et on met le cap sur Brava sans hélas dire au revoir aux bons amis rencontrés ici. Donc cinq déménagements en six jours!! On arrive à Brava avec un beau Wahoo qui nous fera quatre repas. Le port n’est pas grand non plus. Ici pas de vol, il n'y a que 6000 habitants qui se connaissent tous. La capitale est à 7 km du port et 500 m plus haut. Ce qui fait qu’on a beaucoup marché sur cette île assez verte et qui ressemble un peu à San Nicolao ou San Antao. Les pêcheurs partent le matin sur de petites barques à deux ou trois et reviennent l’après-midi qu’avec de gros poissons, thons ou wahoo qu’ils expédient à Praia tous les deux jours sous glace. On fait une randonnée de 3h seuls Tove et moi. On nous offre : deux bières, puis deux punchs, puis deux grog (rhum local), puis des graines d’ouril pour jouer à l'awalé, puis une langouste pour finir. Vous en connaissez beaucoup d’iles comme ça?? On doit partir hélas, Christian et Bernard ont acheté ici leur billet retour du Brésil pour le 15 décembre et on a fait la sortie du Cap Vert à Praia il y a douze jours donc ici on est sans papiers. Le douanier le sait, il ferme les yeux, mais nous a donné jusqu'à vendredi pour partir. On gagne un jour de plus car on attend le ferry de Praia qui emmène des fruits frais et légumes mais après ce sera le départ. |